Programmes de bien-être, salles de repos, environnements de travail zen, nourriture équilibrée... Plus qu’un effet de mode, la recherche du bien-être au travail a complètement modifié le rapport des salariés à leur entreprise. Né dans la Silicon Valley, le rôle de Chief Happiness Officer se développe en France également, avec un objectif : faire en sorte que les employés se sentent plus heureux au travail.
Les entreprises s’efforcent à transformer autant leur image que leurs modes de fonctionnement. Elles échangent les notions de labeur et de contrainte avec équilibre et épanouissement personnel – un investissement qui paie à court et long termes.
Le bien-être au travail est un levier de performance
Pour les entreprises, il ne s’agit pas d’une démarche philanthropique : le bien-être au travail paie, aussi bien au niveau social qu’économique. En effet, une étude réalisée par l’université de Warwick démontre que les personnes heureuses sont 12% plus productive que la moyenne. En effet, le bien-être au travail joue également sur la motivation et la fidélisation des employés. Les entreprises prenant soin de leurs employés ont plus de facilité à recruter et à garder leurs talents. Et ceux-ci sont plus concentrés sur leurs tâches et responsabilités, et ont tendance à s’engager plus dans leur travail. Un des chercheurs impliqués dans cette étude, le Docteur Daniel Sgroi, explique : “Cette productivité accrue semble s’expliquer par le fait que les employés plus heureux utilisent leur temps de manière plus effective, augmentant leur vitesse de travail sans nuire à la qualité.”
Au delà de leur performance, le bien-être joue également sur l’absentéisme et le pourcentage d’arrêts maladie au sein des entreprises. D’après une enquête publiée en 2015 par l’institut Think pour Great Place to Work, 17% des salariés se disent potentiellement en situation de burn out (épuisement professionnel). Et cette situation coûte cher à la société : d’après l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) «l’estimation du coût social du stress professionnel est de 2 à 3 milliards d’euros».
Au contraire, un environnement positif qui prend en compte les besoins et attentes des employés réduit le niveau de stress et améliore le bien-être physique et mental des employés. Des études montrent qu'être heureux boosterait notre système immunitaire. Les programmes santé et de prévention dans les entreprises permettrait ainsi de réduire l’absentéisme et des congés maladie de 25%.
Des programmes de bien-être au travail qui fonctionnent
Fort de ces statistiques, de nombreuses entreprises ont lancé des programmes de bien-être pour leurs employés : cours de sport, baby-foot, snack bar “healthy”, formation quotidienne… Voici deux exemples de programmes bien-être particulièrement réussis.
Du flex office adapté au besoin des employés chez Eurogroup Consulting
Après les bureaux individuels et l’open space, le flex office est la nouvelle solution d’aménagement des postes de travail adoptée par les entreprises pour s’adapter aux nouveaux modes de travail de leurs employés. L’idée est simple : aucun poste de travail n’est attribué, les places sont occupées par ordre d’arrivée dans les lieux. Alors que le taux d’occupation moyen des bureaux atteint seulement les 45% et que la tendance s’accélère avec la généralisation du télétravail, le flex office permet également de réduire le nombre de postes de travail.
Chez Eurogroup Consulting, la démarche était d’autant plus naturelle que les consultants passent une majorité de leur temps chez leur client. Jean-Baptiste Annat, directeur chez Eurogroup Consulting, explique : “Nous avons mis en place la même démarche en interne que celle que nous déployons chez nos clients. Nous sommes partis des usages actuels des locaux, de la typologie d’espaces nécessaires et des besoins en termes de collaboration et de transversalité pour imaginer une nouvelle configuration. En effet, le flex office est un <strong>accélérateur de la transformation des entreprises</strong>, il développe la collaboration et favorise les relations entre managers et équipes.”
Pour fonctionner, toute la connectique et les outils de l’entreprise doivent être revus afin de permettre aux collaborateurs de pouvoir travailler de la même manière, d’où qu’ils soient : à leur bureau, en salle de créativité, dans l’espace de détente ou même chez eux.
Et les résultats sont au rendez-vous : “sur 25 projets réalisés, nous obtenons des <strong>taux de satisfaction de 80%</strong> sur le flex office et le télétravail. Les espaces collaboratifs augmentent significativement : ils représentent 50% de la surface totale. Les mètre carrés sont optimisés, permettant soit de réaliser des économies, soit d’augmenter la capacité d’accueil de l’entreprise, soit, comme chez nous, de créer de nouveaux espaces. En interne, nous avons réussi à libérer un étage complet, qui sert désormais à incuber des projets de startups.
Decathlon : vivre ses valeurs au quotidien
Enseigne française emblématique, Decathlon <strong>investit dans le bien-être de ses salariés et leur qualité de vie au travail. Dictées par ses valeurs de responsabilité et de vitalité, les politiques RH de l’entreprise se veulent humaines et source d’épanouissement pour les salariés. Les salariés sont recrutés pour leur goût du sport, et surtout pour leur capacité à prendre des initiatives et à être autonome.
Kamel Medjabra, responsable de la Communication Humaine chez Decathlon, explique : “C’est ce que prône l’entreprise. Decathlon veut des collaborateurs qui osent et qui entreprennent.” Ainsi, pour son premier poste dans l’entreprise, il a été marqué par l’autonomie accordée aux chefs de rayon en termes de décisions commerciales, humaines, de merchandising, gestion du stock, des horaires ou encore du recrutement. Pendant ses entretiens de recrutement, il se rappelle même avoir entendu la remarque suivante : “Le droit à l’erreur existe vraiment chez nous, on ne te reprochera jamais de t’être trompé mais on te reprochera de ne pas avoir osé.”
Et pour l’aspect Vitalité, les employés de Decathlon peuvent demander l’aménagement de leur temps de travail afin de leur permettre de poursuivre une activité sportive. Certains magasins accueillent également des zones de pratique sportive en intérieur et/ou en extérieur, accessibles aux collaborateurs et aux clients.
Depuis 10 ans, l’entreprise a également mis en place un département QVT, Qualité de Vie au Travail, chargé de traiter tout ce qui peut être discriminant au sein de l’entreprise : de la gestion du handicap à l’égalité homme-femme, en passant par l’insertion des populations en difficultés, la prévention des risques, les conflits inter-générationnels ou encore le bien-être psychique des employés. Marie Pinel, Leader Qualité de Vie au Travail et à l’origine de la démarche explique : “Le QVT fonctionne de manière remontant, on part des besoins des collaborateurs.”
Decathlon propose par exemple un <strong>accompagnement personnalisé</strong> à tous les employés victime de maladie ou autre causant une perte partielle des capacités et nécessitant une adaptation du poste de travail, voire du contenu du travail même. Chaque personne concernée est accompagnée par un ergonome pour préconiser des aménagements adaptés ainsi qu’un psychologue pour accepter cette nouvelle situation de handicap. Et pour les cas les plus extrêmes nécessitant une reconversion, l’entreprise finance la formation et l’accompagnement
Un gros travail est fait également au niveau égalité hommes-femmes, en matière de recrutement mais principalement pour la gestion des parcours. Dès la prise de responsabilité, les femmes sont accompagnées sur des problématiques d’estime de soi, de confiance en soi, et d’affirmation. Elles sont également intégrées à des réseaux de femmes et mentorées par des personnes ayant une position stratégique forte dans l’entreprise. De manière plus classique, Decathlon accompagne également les femmes dans leur congé maternité, et propose des formations spécifiques pour apprendre à gérer le retour de congé.
Et toutes ses actions paient ! Decathlon a été élu, pour la 2ème fois consécutive, “best workplace” par ses salariés en 2018 (dans la catégorie “entreprises de plus de 5000 salariés”).
Si le bien-être au travail peut prendre des formes variées en fonction de l’entreprise, de ses activités et de ses valeurs, le résultat est univoque : les salariés sont plus heureux et plus impliqués, le turnover plus faible, et les résultats à la hausse.