XR en formation : vers une nouvelle ère de l’apprentissage professionnel ?

Merwan Maroc
17 Mars 2024
10 minutes
Une femme utilise de la XR dans sa formation

C’est un acronyme qui fait tourner bien des têtes : XR, pour "Extended Reality", désigne l’ensemble des technologies immersives — réalité virtuelle (VR), réalité augmentée (AR) et réalité mixte (MR). Longtemps cantonnée à l’univers du divertissement ou de la simulation industrielle, la XR s’impose aujourd’hui comme une option sérieuse dans le domaine de la formation professionnelle.

Grâce à sa capacité à immerger les apprenants dans des environnements réalistes, à simuler des situations complexes ou à faire vivre des expériences autrement inaccessibles, la XR semble répondre aux attentes d’une génération de collaborateurs en quête de nouveauté, d’interactivité et de sens. À ce titre, elle s’inscrit pleinement dans les grandes tendances de l’apprentissage moderne : engagement, personnalisation, impact.

Mais faut-il pour autant voir dans la XR la pierre angulaire de la formation de demain ? Si ses atouts sont indéniables, cette technologie ne peut répondre à tous les enjeux. À l’heure où les dispositifs pédagogiques se diversifient — mobile learning, classes virtuelles, blended learning, etc. — il devient essentiel de comprendre le rôle que peut jouer la XR dans un écosystème plus large.

Décryptage d’un outil puissant, inspirant, mais à intégrer avec discernement dans les stratégies de formation.

La XR, un outil de transformation pédagogique puissant

Une immersion totale au service de l’apprentissage

L’un des apports majeurs de la XR réside dans sa capacité à créer des environnements d’apprentissage profondément immersifs. En réalité virtuelle, l’apprenant est entièrement plongé dans un univers 3D, détaché de toute distraction extérieure. En réalité augmentée ou mixte, des éléments numériques viennent enrichir le monde réel, facilitant l’interaction avec des objets ou des données contextuelles.

Cette immersion stimule l’engagement cognitif et émotionnel, favorisant ainsi une meilleure mémorisation. Plutôt que de lire un manuel ou d’assister à une présentation, l’apprenant vit une expérience, interagit avec son environnement, prend des décisions, observe les conséquences… Un processus actif, expérientiel, qui reprend les fondamentaux des théories de l’apprentissage situées et constructivistes.

Des cas d’usage concrets et impactants

Les entreprises qui ont franchi le pas de la XR en formation rapportent des résultats très encourageants. Dans l’industrie, par exemple, la formation aux gestes techniques ou aux procédures de sécurité peut être effectuée dans des conditions contrôlées, sans exposition au risque réel. Le secteur de la santé l’utilise pour entraîner les professionnels à des gestes précis ou à des situations d’urgence, parfois impossibles à reproduire autrement. Dans le retail, la XR permet de simuler la relation client, de gérer des situations délicates ou de former à la mise en rayon de manière interactive.

Ces scénarios illustrent la puissance de la XR pour répondre à des enjeux très opérationnels : acquisition de compétences techniques, montée en confiance, entraînement à la prise de décision, gestion du stress… Elle s’avère également particulièrement utile pour les soft skills, grâce à des environnements simulant des interactions humaines complexes.

Des résultats mesurables sur l’efficacité pédagogique

Plusieurs études mettent en évidence les bénéfices concrets de l’apprentissage immersif. Selon une étude de PwC, les apprenants formés en réalité virtuelle étaient jusqu'à 275 % plus confiants pour appliquer ce qu'ils avaient appris, soit une amélioration de 40 % par rapport à la formation en classe et de 35 % par rapport à la formation en ligne.

L’implication émotionnelle des apprenants joue ici un rôle clé : ce qu’on vit, on le retient. De plus, la XR permet des feedbacks immédiats, des répétitions illimitées et une personnalisation des parcours selon le niveau ou les besoins de l’utilisateur.

Enfin, la XR ouvre la voie à une standardisation de la qualité pédagogique, notamment dans les organisations multisites : chaque apprenant peut accéder à une expérience identique, quel que soit son lieu de travail ou sa disponibilité.

Les défis de la XR : accessibilité, coût et déploiement

Si la Réalité Étendue (XR) offre des perspectives pédagogiques innovantes, son intégration dans les programmes de formation professionnelle soulève plusieurs défis majeurs.

Coûts de développement et d’équipement

La mise en place de formations en XR nécessite des investissements substantiels. Le développement de contenus immersifs de qualité requiert des compétences spécialisées en conception 3D, en programmation et en pédagogie, ce qui peut engendrer des coûts élevés. À cela s'ajoute l'acquisition de matériel spécifique, tel que des casques de réalité virtuelle ou augmentée, dont le prix peut varier en fonction des fonctionnalités et de la performance. Pour certaines entreprises, notamment les PME, ces dépenses peuvent représenter un obstacle significatif.

Accessibilité et contraintes techniques

L'utilisation de la XR implique également des considérations techniques. Tous les apprenants ne disposent pas nécessairement de l'espace adéquat ou des compétences techniques pour utiliser efficacement ces technologies. De plus, des problèmes tels que la latence, la résolution graphique ou la compatibilité logicielle peuvent affecter l'expérience utilisateur et, par conséquent, l'efficacité de la formation.

Acceptabilité par les utilisateurs

L'acceptation de la XR par les apprenants n'est pas automatique. Certaines personnes peuvent éprouver des inconforts physiques, tels que le mal des transports (cybersickness), lors de l'utilisation de dispositifs immersifs. D'autres peuvent être réticentes à adopter ces nouvelles technologies en raison d'une appréhension ou d'un manque de familiarité. Il est donc essentiel d'accompagner les utilisateurs dans la prise en main de ces outils et de s'assurer que les contenus sont adaptés à leur niveau de compétence et à leurs besoins.

Comparaison avec d'autres méthodes de formation

Bien que la XR offre une immersion inégalée, d'autres approches pédagogiques, telles que le blended learning ou le mobile learning, présentent des avantages en termes de flexibilité et de coût. Ces méthodes permettent une accessibilité accrue, sans nécessiter d'équipements spécifiques, et peuvent être déployées à grande échelle avec des investissements moindres. Il est donc crucial pour les organisations de peser les avantages et les inconvénients de chaque approche en fonction de leurs objectifs pédagogiques et de leurs contraintes budgétaires.

Une technologie puissante, mais pas toujours indispensable

Si la Réalité Étendue impressionne par sa capacité à immerger et captiver, son adoption dans la formation ne doit pas être systématique. Derrière l’effet « waouh », parfois spectaculaire, se cache une réalité plus pragmatique : l’innovation pédagogique ne se mesure pas uniquement à l’intensité technologique.

La nouveauté ne rime pas toujours avec immersion totale

Dans de nombreux cas, les objectifs pédagogiques peuvent être atteints par des dispositifs beaucoup plus simples à déployer. Il n’est pas toujours nécessaire de reconstituer un environnement en 3D pour transmettre une compétence ou engager un apprenant. L’efficacité d’une formation repose autant sur la qualité de la conception pédagogique que sur le canal utilisé. Une bonne animation en classe virtuelle, un parcours gamifié ou un module de microlearning bien pensé peuvent produire des résultats tout aussi convaincants.

D’autant plus que le temps et les ressources consacrés à un projet XR peuvent, dans certains contextes, être disproportionnés par rapport à l’impact réel attendu. Le risque ? Se laisser séduire par la technologie au détriment de la stratégie pédagogique.

Le mobile learning : l’innovation dans la poche

Parmi les canaux numériques innovants, le mobile learning s’est imposé comme une réponse agile, efficace et scalable aux nouveaux usages des apprenants. En capitalisant sur le smartphone, outil déjà omniprésent dans la vie quotidienne, il permet de proposer des modules courts, engageants, accessibles à tout moment.

Le mobile learning n’offre pas une immersion visuelle comparable à celle de la XR, mais il propose une immersion contextuelle : celle du quotidien des collaborateurs, dans leur environnement de travail réel. Grâce au microlearning, à la gamification et à la répétition espacée, il favorise l’ancrage mémoriel sans nécessiter d’équipement spécifique ou de logistique complexe.

Des solutions comme SPARTED en sont une parfaite illustration : elles permettent aux entreprises de déployer des formations dynamiques, ciblées et mesurables, tout en gardant la maîtrise des coûts et de la temporalité.

Vers un équilibre technopédagogique

Le véritable enjeu n’est pas de choisir une technologie au détriment d’une autre, mais d’intégrer les bons outils aux bons moments. La XR est idéale pour certains types d’apprentissages complexes ou sensibles ; le mobile learning, lui, excelle dans l’ancrage quotidien, le déploiement rapide et la capitalisation sur le temps court.

Une stratégie de formation moderne ne se construit pas autour d’un outil unique, mais autour d’un écosystème cohérent, adapté aux besoins métiers, aux profils des apprenants et aux ressources disponibles. Dans cet ensemble, la XR a toute sa place — mais elle n’est ni un passage obligé, ni une fin en soi.

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